paix salaam shalom DOCUMENTATION

Conférence du 17 décembre 2023 à Molenbeek

Antisionisme, une histoire juive

Textes choisis par Béatrice Orès, Michèle Sibony et Sonia Fayman

 Syllepse, Paris, 2023, 368 pages, 25 euros.

 

En rassemblant et en présentant des textes dont les plus anciens remontent à la fin du XIXe siècle et les plus récents à ces dernières années, les auteures de ce recueil, membres actives de l’Union juive française pour la paix (UJFP), entendent réparer un déni d’histoire, une « forme de révisionnisme », qui a cherché à effacer toute trace de la longue tradition juive, religieuse ou séculière, d’opposition non au droit des Juifs à vivre en Palestine, mais à l’idée d’État-nation du peuple juif, telle que l’a défini la loi israélienne en 2018. Les matériaux rassemblés sont extrêmement divers et émanent de personnalités aussi différentes que le rabbin américain Isaac Mayer Wise, Karl Kraus, Léon Trotski, Moshe Menuhin – le père du célèbre violoniste –, Hannah Arendt, Judith Butler et beaucoup d’autres. Il ne s’agit pas seulement de rappeler la tradition juive diasporique antinationaliste, et les courants assimilationniste ou anti-impérialiste de l’antisionisme, mais de montrer qu’il est possible d’envisager un après-sionisme, avec la construction d’un État commun.

Sonia Dayan-Herzbrun

Le media ( 09/01)

entretien du 10 Janvier avec Maître Gilles Devers (cliquer ici regarder sans pub , ou sur l’image pour regarder sur YT)

entre

Nous accueillerons en visioconférence Maître Gilles Devers, l’éminent avocat qui est à l’initiative d’une plainte collective contre Israël pour génocide et crimes de guerre à Gaza devant la Cour Pénale Internationale. Souvenez-vous, nous nous étions longuement entretenus au sujet de cette action judiciaire soutenue par 500 avocats nationaux et internationaux. Ce soir nous parlerons de la plainte de l’Afrique du sud contre Israël pour génocide à Gaza qui a été déposée cette fois devant la Cour internationale de justice, le 29 décembre dernier.

Voir (jusqu’au bout si on supporte) 1948 et pleurer ou hurler, d’effroi, de douleur, de rage, de colère, de tristesse, mais pas de désespoir car la Palestine et la paix n’en ont pas besoin.

Un documentaire très bien documenté avec des témoignages de part et d’autres, en libre accès, à diffuser largement, pour lutter aussi contre l’antisémitisme en combattant l’amalgame avec l’antisionisme.

l’Association FRANCE-PALESTINE

Les 2 et 3 décembre 2023 s’est tenu le 8ème congrès de l’AFPS.

Il a été l’occasion, dans un contexte particulièrement dramatique pour le peuple palestinien, de débattre et de décider de notre orientation pour les trois années à venir.

Vous trouverez un compte rendu du congrès sur notre site internet. Y figure entre autre, le rapport d’orientation accompagné de la résolution apartheid adoptés lors de notre congrès. Vous les trouverez également encartés dans le prochain numéro de PalSol.

>> Voir le Compte-rendu du 8eme congrès de l’AFPS avec le rapport d’orientation

Le nouveau conseil national a également été élu. A l’issue du congrès il s’est réuni et a élu notre nouvelle présidente, Anne Tuaillon.

Samedi dernier notre Conseil national a élu le nouveau bureau national.

Il est composé de : Bernard Barré, Florence Braud, Alain Desmarest, Bernard Devin, Monique Etienne, Jacques Fröchen, Véronique Hollebecque, François Rippe, Mireille Sève, Anne Tuaillon.

Voici comment nous avons choisi de nous organiser

    Présidente : Anne Tuaillon

    Vice-Président : François Rippe

    Trésorière: Véronique Hollebecque

    Secrétaire Général : Jacques Fröchen

    Secrétaire générale adjointe : Florence Braud

Le bureau national,
qui vous souhaite de passer, malgré tout, de bons moments pour cette fin d’année.


Association France Palestine Solidarité (AFPS)
21 ter Rue Voltaire 75011 Paris
Tél. : 01 43 72 15 79
Suivez l’AFPS sur france-palestine.org
Facebook (@AFPSOfficiel) Twitter (@AFPSOfficiel) 
Instagram (@afps.officiel)  Youtube (@francepalestine) 

France : le livre de l’historien Ilan Pappé sur le « nettoyage ethnique » de la Palestine par Israël retiré des ventes

Par MEE

middleeasteye.net

6–8 minutes


C’est « en catimini » que les éditions Fayard ont retiré des ventes en France le livre de l’historien israélien Ilan Pappé, Le Nettoyage ethnique de la Palestine, selon le site Actualitté, consacré aux univers du livre, qui a révélé l’affaire le 8 décembre.

à lire ici

bonne nouvelle, ce livre a été repris par la fabrique

pour éviter les pubs regarder de préférence sur le site d’attac

https://france.attac.org/actus-et-medias/le-flux/article/video-comprendre-pour-agir-gaza-2023-un-tournant-dans-une-longue-guerre

Aux origines coloniales de la question palestinienne – Investig’action

https://investigaction.net/aux-origines-coloniales-de-la-question-palestinienne/

Michèle Sibony : « La construction d’un contre-feu sur le dos des Juifs » – Investig’action

https://investigaction.net/michele-sibony-la-construction-dun-contre-feu-sur-le-dos-des-juifs/

Petite histoire du judaïsme antisioniste – Investig’action

https://investigaction.net/petite-histoire-du-judaisme-antisioniste/

Le media

La partie concernant la Palestine commence à la main 34 env

émission avec M.Sibony

En seconde partie d’émission, place au fond de l’info, avec Julien Théry, historien, et Michèle Sibony, ancienne présidente UJFP, dans lequel nous reviendrons sur l’annulation par la ville de Paris de la conférence pour la paix

https://www.lemediatv.fr/emissions/2023/crise-du-logement-on-va-vers-la-catastrophe-palestine-hidalgo-censure-une-conference-pour-la-paix-qKHZbdhjRCC-otxky1NXHQ

Le monde diplomatique

Le vieux rêve d’un État binational par Shlomo Sand


En Palestine, le communisme a été fondé en 1919 par des immigrés juifs, qui avaient quitté le mouvement sioniste pour créer le Parti ouvrier socialiste hébreu. Celui-ci prit, en 1922, l’appellation yiddish de Palestinishe Kommunistishe Partei (Parti communiste palestinien, PCP). Le PCP a adhéré à la IIIe Internationale (Komintern), dirigée par le Parti communiste soviétique.
Durant toute son existence, ce parti a récusé le sionisme, qu’il considérait comme un mouvement colonialiste illégitime. Les communistes ne pensaient pas que les Juifs du monde entier constituaient une nation spécifique, et ne croyaient pas qu’après deux mille ans ils puissent revendiquer des droits historiques en Palestine. Ils rejetaient la déclaration Balfour (1), qualifiée d’acte impérialiste à l’état pur, appelaient à l’expulsion des Britanniques et à la création d’un État démocratique à majorité arabe, où les Juifs, y compris ceux arrivés après 1918, seraient des citoyens à égalité de droits. Ces positions ont eu pour effet, pendant toute la durée du mandat britannique (1922-1948), d’attirer au PCP la haine de la partie juive, et de le maintenir dans l’isolement, car il parvenait tout aussi difficilement à recueillir le soutien de sympathisants arabes. La grande révolte arabe des années 1930 lui permit cependant de renforcer ses rangs et de voir son influence progresser quelque peu parmi les travailleurs urbains. Au nom de l’« internationalisme prolétarien », il n’a cessé, durant toute cette période, d’appeler à la solidarité entre la population locale et la communauté des immigrés.
L’isolement du parti vis-à-vis des Juifs s’est notablement résorbé après l’entrée en guerre de l’URSS en 1941. Le changement de position du PCP concernant l’implantation hébraïque lui a aussi permis d’élargir significativement son audience. Un tournant s’était lentement amorcé à la fin de la seconde guerre mondiale, avec la prise de conscience de la réalité de l’entreprise nazie d’extermination. Le maintien en Allemagne de camps de rescapés et de réfugiés, qu’aucun État occidental n’était disposé à accueillir, créait une situation insupportable, qui amena les communistes juifs de Palestine à réviser leur position.
Le PCP connut une scission en 1943. Ses adhérents arabes fondèrent la Ligue de libération nationale, sous la direction d’Émile Touma, jeune et brillant intellectuel de Haïfa, devenu marxiste pendant ses études à l’université de Cambridge. Ces communistes n’appréciaient guère le tournant, qui s’opérait chez leurs camarades juifs, vers la reconnaissance d’une identité nationale juive en formation et en développement.
Les membres arabes n’ont donc pas participé au congrès du PCP tenu en 1944 ; les communistes juifs y décidèrent de maintenir leur soutien à un État démocratique indépendant en Palestine, sans préciser, cette fois-ci, s’il devrait être arabe ou hébreu. Meïr Vilner, l’un des jeunes et dynamiques dirigeants du parti, venu de Vilnius en Palestine en 1938, expliquait encore : « La création d’une république démocratique indépendante garantira une pleine égalité de droits à la minorité juive (2). »
Shmuel Mikounis, porte-parole du parti, ainsi que les autres dirigeants, très prudents, hésitaient et s’interrogeaient face au changement en cours, impulsé par Vilner et sa compagne, Esther Vilenska, et soutenu par de nombreux jeunes. Vilner et Vilenska n’ont pas hésité à accélérer la percée vers une ligne politique originale. En mars 1945, s’adressant aux comités locaux du parti, Vilner déclarait ainsi : « Lecaractère exclusivement arabe du pays s’est effectivement modifié, d’une part dans la composition de la
population, et d’autre part dans son économie. La Palestine est aujourd’hui binationale. Voilà le changement
historique en cours (…), d’où, s’agissant de notre politique, des conclusions à long terme (3). »
C’était, semble-t-il, la première fois qu’un dirigeant communiste local formulait, du bout des lèvres, le
concept de « binationalisme ». Lors du IXe Congrès, réuni la même année, le PCP décide de se prononcer
explicitement pour « un État arabo-juif » indivisible qui « doit être fondé sur le principe d’égalité des droits,
sans distinction de race, de nationalité, de religion ni de genre, et donc sur le principe d’égalité de droit
national des Juifs et des Arabes à un développement national, économique et culturel libre ». Un an plus tard,
en 1946, lors du Xe Congrès, il sera finalement décidé que « la Palestine est un pays binational ».
En fait, les communistes juifs se mirent à substituer désormais à leur antisionisme habituel des positions
que l’on pourrait, avec prudence, qualifier d’« a-sionistes ». Ils ne prônaient pas l’émigration massive des
Juifs en Palestine, mais, pour des raisons humanitaires, constatant la dure réalité des camps de rescapés en
Europe, ne s’y opposaient pas non plus et dénonçaient même les dispositifs mis en place par les
Britanniques, destinés à faire obstacle à l’immigration « illégale ». Ils récusaient toutefois la création d’un
État juif exclusif et n’imaginaient pas un seul instant qu’une telle entité devrait mettre fin à la « diaspora »
et qu’il faille faire venir tous les Juifs du monde en Eretz Israël (« Terre promise »).
Cependant, énoncer la proposition d’un État binational sans être capable de refonder un Parti communiste
composé de militants issus des deux peuples était perçu comme une absurdité par de nombreux adhérents
de base. Aussi, le parti « juif » s’employa-t-il à rénover l’entente avec la Ligue de libération nationale, afin de
s’unir avec elle en un mouvement judéo-arabe commun. La Ligue rejeta fermement une telle union visant à
un projet binational. Elle persistait à revendiquer un État démocratique, une « patrie arabe libre », qui
protégerait sincèrement toutes ses minorités. Diverses actions furent menées en commun avec des Juifs,
telles des grèves et manifestations, mais la partie arabe continua de refuser fermement d’apporter son
soutien à l’accueil des réfugiés venus d’Europe, dès lors que d’autres pays du monde n’y seraient pas prêts.
En février 1947, se réunit à Londres une assemblée des partis communistes actifs dans l’ensemble de
l’Empire britannique : Touma y représentait la Ligue de libération, tandis que le Parti communiste était
représenté par Mikounis. Dans son intervention, Touma formula la position traditionnelle selon laquelle un
État démocratique unifié, respectueux des droits civiques de la minorité juive et non de ses droits
nationaux, constituait la solution adaptée à cette situation complexe. La quasi-totalité des représentants des
partis communistes arabes partageaient ce point de vue. Mikounis, en revanche, exposa les positions
binationales de Vilner et Vilenska, qui soulignaient : « Deux groupements nationaux vivent dans le pays.
Tout programme de résolution du problème se doit de prendre en considération cette réalité, et de garantir aux
deux peuples des droits et des possibilités égales de développement (4). » En parallèle, Mikounis exprima,
d’une part, son opposition à un État démocratique arabe et, d’autre part, à la partition du pays avec la
création d’un État juif séparé.
Plusieurs partis communistes se montrèrent sensibles au discours de Mikounis, au regard de
l’extermination d’une grande partie des Juifs d’Europe, mais il y eut aussi un parti venu du Proche-Orient
pour entériner ces arguments : il s’agissait du Mouvement égyptien de libération nationale, le plus
important courant communiste égyptien à l’époque, qui s’était prononcé en 1945 en faveur d’une solution
binationale en Palestine. Henri Curiel, marxiste et issu d’un milieu juif, en était le dirigeant ; il avait rédigé
un compte rendu sur la situation de la communauté juive en Palestine, où il mettait en évidence l’opposition
croissante entre le sionisme et la Grande-Bretagne, tout en critiquant les positions de la gauche sioniste,
mais aussi la plate-forme de la Ligue emmenée par Touma. Curiel manifestait également de la sympathie
envers la nouvelle prise de position du PCP en faveur du binationalisme.
Il importe de préciser que l’évolution du PCP et du groupe de Curiel vers l’idée binationale s’est effectuée
de façon autonome, sans être dictée par Moscou. Le Komintern avait certes été dissous en 1943, mais les
communistes juifs et égyptiens avaient très probablement senti, à l’occasion de leurs contacts avec les
communistes soviétiques, qu’il n’y aurait pas de forte opposition à un point de vue visant à reconnaître le
caractère national du Yishouv (5) juif en cours de constitution en Palestine. Tout comme les paysoccidentaux, peu désireux d’accueillir les Juifs rescapés, l’URSS ne semblait pas tellement tenir à ce que les réfugiés est-européens, encore maintenus dans les camps, en Allemagne, regagnent leurs pays d’origine. Les Soviétiques avaient, de plus, identifié l’éventualité d’une alliance avec le Yishouv juif en opposition croissante à la présence britannique en Palestine. Et de fait, en mai 1947, Andreï Gromyko, ministre des affaires étrangères soviétique, déclarait devant l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU), à la surprise de tous les communistes de la région comme du monde entier : « La délégation soviétique conclut à la nécessité de défendre les droits légaux des Juifs et des Arabes par la création d’un État binational indépendant et démocratique, avec des droits égaux pour les deux peuples (6). »
Quelques mois plus tard, l’URSS et ses États satellites d’Europe de l’Est apportèrent leur soutien à la résolution de l’Assemblée générale de l’ONU décidant le partage de la Palestine, et la création de deux États séparés, juif et arabe. Le PCP et la Ligue de libération nationale (à l’exception de Touma et de quelques autres membres connus) acceptèrent la directive soviétique, s’unirent et changèrent leurs intitulés en Parti communiste israélien (Maki). Vilner, au nom du parti, apposa sa signature sur la déclaration d’indépendance de l’État d’Israël, tandis que d’autres dirigeants de cette formation se rendaient en Europe de l’Est afin de collecter des armes pour la défense du nouvel État juif. Cela ne fait aucun doute : durant une courte période, Moscou fut davantage prosioniste que Washington.


Shlomo Sand


Historien. Auteur de Deux Peuples pour un État ? Relire l’histoire du sionisme (Seuil, Paris, à paraître en janvier 2024), dont ce texte est extrait.
(1) La déclaration Balfour désigne une lettre ouverte du 2 novembre 1917, adressée par Arthur Balfour, secrétaire d’État aux affaires étrangères britannique, à une figure éminente du mouvement sioniste et dans laquelle Londres se déclare en faveur de l’établissement d’un « foyer national pour le peuple juif » en Palestine.
(2) Kol HaAm (La Voix du peuple), 11 mai 1944.
(3) Cité par Shmuel Dotan, dans Rouges. Le Parti communiste en Eretz Israël (en hébreu), Kfar Saba, Shevna Hasofer, 1991.
(4) Cf. Avner Ben-Zaken, Le Communisme comme impérialisme culturel (en hébreu), Resling, Tel-Aviv, 2006. (5) NDLR. Terme hébreu désignant l’ensemble des Juifs présents en Palestine avant la création de l’État d’Israël.
(6) Cité dans Leon Zeavi, Séparés ou ensemble ? (en hébreu), Keter, Tel-Aviv, 2005.
Mot clés: Communisme Parti politique Conflit israélo-arabe Israël Palestine Palestine (Gaza) Palestine mandataire 1922-1948

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Le monde diplomatique

Palestine, le spectre de l’expulsion


Les représailles aveugles d’Israël en réponse aux massacres commis par le Hamas sur son sol ont dévasté Gaza. Aux milliers de morts et de blessés s’ajoute désormais le risque d’un déplacement massif des Palestiniens.
C’est un lieu commun d’affirmer qu’il est plus facile de commencer une
guerre que de la terminer. Celle menée par Israël dans la bande de
Gaza s’annonce d’ores et déjà comme une illustration particulièrement
probante de cet adage. Pour l’extrême droite israélienne, dominante
dans le gouvernement formé par M. Benyamin Netanyahou fin 2022,
l’opération « Déluge d’Al-Aqsa », lancée par le Hamas le 7 octobre
dernier, a fourni l’occasion idéale de mettre à exécution le projet d’un
Grand Israël incluant la Cisjordanie et Gaza, soit l’intégralité de la
Palestine du mandat britannique (1920-1948).
La souche politico-idéologique dont est issu le Likoud, que dirige
M. Netanyahou sans interruption depuis 2005 (il l’avait présidé
auparavant une première fois entre 1996 et 1999), est constituée par
une branche d’inspiration fasciste connue sous le nom de « sionisme
révisionniste », née dans l’entre-deux-guerres.
Avant la fondation de l’État d’Israël, ce courant militait pour englober
dans le projet étatique sioniste la totalité des territoires sous mandat
britannique de part et d’autre du Jourdain, y compris la Transjordanie
attribuée par Londres à la dynastie hachémite. Par la suite, son
ambition s’étant focalisée sur la Palestine mandataire, il reprocha au
sionisme travailliste dirigé par David Ben Gourion d’avoir cessé le
combat en 1949 sans s’emparer de la Cisjordanie et de Gaza.
Pour Ben Gourion et ses camarades, ce n’était que partie remise : les
deux territoires furent occupés en 1967. Depuis lors, le Likoud a
constamment surenchéri sur le sionisme travailliste et ses alliés au
sujet de leur sort. Au lieu de fuir les combats comme en 1948, les
populations de la Cisjordanie et de Gaza, dans leur grande majorité, se
sont accrochées à leurs terres et à leurs demeures en 1967. Elles
avaient retenu la leçon : 80 % des habitants palestiniens du territoire
sur lequel l’État d’Israël s’était finalement établi en 1949, soit 78 % de la
Palestine mandataire, avaient fui à la recherche d’un refuge temporaire,
qui s’avéra définitif puisque le nouvel État leur interdit le retour. Cette
dépossession est au cœur de ce que les Arabes appellent la Nakba
(« catastrophe ») (1 (https://www.monde-
diplomatique.fr/2023/12/ACHCAR/66374?
erreur_connexion=saisie#nb1)).L’exode palestinien ne s’étant pas reproduit à l’identique en 1967 (245
000 Palestiniens, des réfugiés de 1948 pour la plupart, fuirent
néanmoins vers l’autre rive du Jourdain), le gouvernement israélien se
trouva confronté au dilemme d’une volonté d’annexion contrariée par
un facteur démographique : accaparer les deux territoires en octroyant
la citoyenneté israélienne à leurs habitants mettrait en péril le caractère
juif de l’État d’Israël ; les annexer sans naturalisation compromettrait
son caractère démocratique (une « démocratie ethnique », selon le
sociologue israélien Sammy Smooha) en créant un apartheid officiel.
La solution trouvée à ce dilemme — connue sous le nom de « plan
Allon », du nom du vice-premier ministre Yigal Allon, qui l’élabora en
1967-1968 — consista à s’emparer à long terme de la vallée du
Jourdain et des zones à faible densité de peuplement palestinien en
Cisjordanie, et à envisager de restituer le contrôle des zones peuplées
à la monarchie hachémite.
Le «déluge d’Al-Aqsa» fut immédiatement exploité pour
pousser le dessein expansionniste
Opposé à ce projet, le Likoud allait militer sans relâche pour l’annexion
des deux territoires occupés en 1967 et pour leur colonisation intégrale
à cette fin, sans se limiter aux zones envisagées par le plan Allon en
Judée et Samarie (l’appellation biblique des régions dont la Cisjordanie
constitue une partie). Il remporta les élections en 1977 : moins de
trente ans après la fondation de l’État d’Israël, l’extrême droite sioniste
parvenait aux commandes. Elle s’y maintiendra durant la plupart des
quarante-six années écoulées depuis lors, dont plus de seize sous la
direction de M. Netanyahou, avec un glissement continu vers une droite
encore plus extrême.
Le soulèvement populaire palestinien connu sous le nom de première
Intifada, déclenché à la fin de 1987, mit à mal l’hégémonie du Likoud et
la perspective du Grand Israël. Les travaillistes revinrent au pouvoir en
1992 sous la direction d’Itzhak Rabin, plus que jamais décidés à mettre
en œuvre leur plan de 1967. La monarchie jordanienne s’étant
officiellement récusée de l’administration de la Cisjordanie en 1988, en
pleine Intifada, elle fut remplacée par l’Organisation de libération de la
Palestine (OLP) comme interlocutrice. La direction de la centrale
palestinienne accepta d’abandonner provisoirement les conditions sinequa non du retrait à terme de l’armée israélienne de l’intégralité des territoires palestiniens occupés en 1967 et du démantèlement à terme des colonies, en commençant par l’arrêt de leur expansion. C’est ainsi que purent être conclus les accords d’Oslo, signés à Washington par Rabin et Yasser Arafat en septembre 1993 sous le patronage du président américain William Clinton.
Dès 1996, le Likoud revenait au pouvoir sous la direction de M. Netanyahou, mais il fut battu à nouveau trois ans plus tard par les travaillistes menés par M. Ehoud Barak. M. Netanyahou dut démissionner et fut remplacé à la tête du parti par Ariel Sharon. Celui-ci mena le Likoud à la victoire en 2001, après avoir provoqué le déclenchement de la seconde Intifada en se rendant sur l’esplanade des Mosquées de Jérusalem à l’automne 2000. En 2005, il exécuta un retrait israélien unilatéral de la bande de Gaza, avec démantèlement des quelques colonies qui y avaient été établies, donnant ainsi satisfaction aux militaires éprouvés par la difficulté de contrôler ce territoire très densément peuplé. Sharon était surtout intéressé par l’annexion de la plus grande partie possible de la Cisjordanie, poursuivant l’option dessinée par le plan Allon, dans une version maximaliste et unilatéraliste.

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